Cette année, la loge Bnai Brith Robert Gamzon, l’association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF) et Aloumim, ont commémoré ensemble, le 26 janvier 2023, la Journée internationale de la Shoah. Une soirée était organisée sur le thème « Ouverture d’Auschwitz, se reconstruire, le retour à la vie ? ». Environ 60 personnes étaient présentes à Jérusalem dans les locaux du Bnai Brith, à quelques pas de ceux du KKL – Keren Kayemet LeIsrael – dont les façades étaient illuminées à cette occasion par six bougies géantes et des étoiles jaunes marquées du grand « Jude ».
Après des paroles à la fois fortes et émouvantes de Pierre Dreyfus du Bnai Brit, de Valérie Spira de l’association des fils et fils de déporté et d’Eric Danon, ambassadeur de France en Israël qui a rappelé l’importance de la transmission et notamment auprès des jeunes générations, Shlomo
Après des paroles à la fois fortes et émouvantes de Pierre Dreyfus du Bnai Brit, de Valérie Spira de l’association des fils et fils de déporté et d’Eric Danon, ambassadeur de France en Israël qui a rappelé l’importance de la transmission et notamment auprès des jeunes générations, Shlomo Balsam a pris la parole pour Aloumim. Il a exposé le difficile « retour à la vie normale » des enfants cachés. A travers différents exemples, il a expliqué pourquoi la plupart n’ont pas parlé après la guerre. Beaucoup n’ont pas voulu se « plaindre » après avoir entendu le sort de ceux passés par les camps ou les récits des héros de la résistance. Il faut savoir que pour certains enfants cachés, la période de la guerre a été une période heureuse, passée à la campagne, avec des inconnus soit, mais plus ou moins bien traités. Israël Lichtenstein, ancien président d’Aloumim avait eu cette phrase surprenante « Pour moi la guerre a commencé en 1945 »
Alors comment se reconstruire ? Beaucoup, comme Israël Oryan, sont partis se battre en Israël au moment de la création du pays. Pour lui, orphelin après la Shoah, c’était une manière de se venger.
D’autres ont voulu réussir leur vie, en France ou ailleurs : fonder une famille, réussir professionnellement etc… Ils voulaient montrer qu’ils étaient capables. Ce n’est que bien plus tard, qu’ils ont commencé à parler. L’Association Aloumim, mot hébreu qui veut dire à la fois caché et jeune – n’a été fondée qu’en 1993, après une conférence en 1991 à New-York des « Hidden Children » dans laquelle on a commencé à entendre les premières histoires. Shlomo raconte avoir reçu il y a quelques années un coup de fil d’une dame de Haïfa qui lui demande « Vous pouvez me dire qui je suis ? ».
Laissée dans un panier sur le quai d’une gare à l’âge d’un an par ses parents déportés, elle est recueillie par un paysan qui la ramène à l’OSE une fois la guerre terminée. Elle n’a visiblement plus de famille et monte en Israël où elle fait sa vie. Mais pourquoi se poser cette question seulement maintenant, tant d’années après les faits ? Elle répond à Shlomo que son petit fils doit faire, comme tous les élèves israéliens, un travail sur ses origines et qu’elle voudrait pouvoir lui répondre. Shlomo l’aide donc à retrouver son passé et même deux grands frères morts en déportation dont elle ne se souvenait bien sûr pas. Et c’est là que le journal Mémoire Vive prend tout son sens.
En effet, les enfants cachés se sont mis à parler et veulent raconter. Ils veulent aussi faire reconnaitre comme Justes ceux qui les ont aidés. Mais comme certains le disent si joliment « Nous étions des enfants sages et polis et maintenant nous voulons juste dire merci à ceux qui nous ont sauvés ».