La famille Levy est originaire d’Alsace. Il y a le père, Georges, la mère, Paulette et deux enfants, Nicole née en 1938 et Philippe né en 1940.

En 1942, avec l’aide de la Résistance, la famille part vers le sud de la France, dans l’Aude à Puginier. Là, une famille protestante, les Costes, est prête à accueillir un enfant. Elle avait déjà caché plusieurs enfants juifs au début de la guerre, par l’intermédiaire de la Croix Rouge. Cette fois-ci elle veut bien cacher un enfant mais pas deux. Après des négociations, les Costes acceptent de prendre Nicole et Philippe. Georges et Paulette se cachent dans la région, lui comme travailleur agricole et elle comme femme de ménage.

La famille Costes se compose de quatre membres : Antonin et Pauline, les parents, Juliette la fille de la famille et une grand-mère. Ils prétendent que Nicole et Philippe sont leurs enfants. Au départ, seul le prêtre, le pasteur Laurent, est au courant de leur secret. Ce dernier est d’ailleurs responsable d’apprendre aux nouveaux arrivés les us et coutumes chrétiennes afin que les enfants puissent participer aux activités de l’église sans éveiller de soupçons.

Par la suite, tout le village sera au courant de la vraie identité de Nicole et Philippe, mais personne ne dira rien, tout le monde protège les enfants. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls juifs cachés dans les fermes alentour. Mais il y a aussi des collabos dans les environs. Et il faut parfois se cacher. Une fois c’est Juliette, qui participe à la Résistance en transportant des papiers et des documents, qui prend les deux enfants dans la remorque de son vélo. Cachés tous les deux sous une bâche, Nicole doit faire taire Philippe qui ne comprend pas ce qui se passe. Une autre fois, la famille doit se cacher dans les champs, pendant que seul le père reste à la maison avec une fourche en attendant l’arrivée éventuelle des nazis.

Retour aux Itiers (Puginier)

Les enfants reçoivent régulièrement des nouvelles de « tante Paulette et oncle Georges » comme on les appelle là-bas. C’est après la libération de Paris, le 25 août 1944, que les parents viennent récupérer leurs enfants pour se réinstaller dans la capitale. Ils apprendront que le 17 décembre 1943 à 12h10, le convoi 63 est parti de Drancy, direction Auschwitz, en emportant Hector, le frère de Georges, sa femme Hélène et leurs deux enfants, Gérard, 6 ans et Michèle, 1 an. Les autres membres de la famille ont survécu.

En 1971 Philippe et sa femme Huguette montent en Israël avec leur fils ainé David. Noam et Liora sont eux nés en Israël. Philippe et Huguette vivent aujourd’hui à Tel Aviv, Ils ont 6 petits enfants.

Les Costes n’ont jamais voulu accepter de dédommagements. Et les deux familles sont restées en contact tout au long des années.

En mars 1987, Juliette Costes reçoit en son nom et celui de ses parents décédés, la Médaille des Justes parmi les Nations décernée par Yad Vashem. Lors de la même cérémonie, elle recevra également une médaille de la Résistance et un certificat d’appréciation au nom du gouvernement français. Une plaque rappelle désormais les noms de tous ceux qui ont sauvé des Juifs.

Philippe avec Juliette Costes

« Ce que j’ai fait, tout le monde l’aurait fait. Si je devais le refaire, si quelqu’un avait besoin d’aide, je le referais aujourd’hui ». 

Valérie Cudkowicz